Théâtre : « Le théorème du Pissenlit » de Yann Verburgh

Présenté au théâtre de la Ville – Théâtre des Abbesses, Le théorème du Pissenlit  est un joli conte tout public à travers lequel de Yann Verburgh jette un cri d’alarme sur le travail des enfants dans le monde. A travers cette fable salutaire susceptible de conscientiser le public, Yann Verburgh met en exergue cette exploitation dramatique des enfants dans certains pays. 

Ils étaient 160 millions d’enfants exploités en 2020 selon un rapport conjoint de l’O.I.T (Organisation Internationale du Travail) et de l’UNICEF. Plus que jamais, nous sommes les témoins et les responsables de cette vile exploitation des enfants au mépris de leurs droits fondamentaux. Nos riches sociétés en portent une responsabilité considérable. A cet égard, l’histoire très riche de Yann Verburgh prend tout son sens en dénonçant cet état de fait dramatique. 

Tao et Li-Na sont deux jeunes enfants, vivant dans le même village au pied de la montagne. Amis depuis toujours, ils sont souvent laissés pour compte, leurs parents devant travailler dans une autre ville. Mais un jour, le frère de Tao se blesse à l’usine au Pays-de-la-Fabrique-des-objets-du-Monde. Sous peine de perdre son emploi, Tao doit le remplacer, séance tenante. Le temps s’écoule lentement pour Li-Na qui désespère de revoir Tao. Elle décide de partir à sa recherche. Ce faisant, elle se fait embaucher dans cette Fabrique de jouets… Dans un autre lieu de ce pays, davantage privilégié, un enfant découvre, dans la boite de jeu qu’il a reçu pour son anniversaire, une étrange lettre. Cette missive dévoile la vie de Li-Na, une vie en tout point différente de la sienne. Une existence où cette jeune enfant défavorisée, traduit ses attentes et ses espoirs….Mais comment ce courrier a-t-il pu se glisser dans ce jeu ? Et surtout, qu’est-il arrivé à Lina ?

Un cube composé de cagettes en plastique vert modulable à l’envi est placé au centre de la scène assurant les différentes scénographies de cette histoire. Un diabolo dans les mains d’un personnage véhicule ce thème de l’enfance bafoué au nom d’une société transgressive qui fait fi des droits des enfants. Saluons le jeu impeccable des comédiens qui narrent cette histoire. Olivier Letellier, dans cette belle mise en scène nous offre un spectacle éclairé à destination de tous en nous relayant l’impérieux message de Yann Verburgh. On ne peut fermer les yeux sur le drame révoltant de ces enfants dont les droits continuent d’être bafoués de par le monde. A ce titre, le pissenlit devient dans ce conte l’accessoire de la liberté pour ces enfants oubliés.

« Un pissenlit, c’est couleur du soleil, sauvage, ça pousse partout, dans les prés et entre les pavés… Ainsi est fait l’imaginaire des enfants. »

Laurent Schteiner