Théâtre : « L’éducation sentimentale » de Gustave Flaubert

Le théâtre de Poche-Montparnasse met actuellement à l’honneur l’Education sentimentale de Gustave Flaubert, Librement adaptée par Paul Emond, cette oeuvre nous invite à un véritable reportage de Paris entre 1840 et 1852. Cette fresque historique constitue la toile de fond des tribulations d’un jeune provincial découvrant la capitale avec ses affres et ses délices. Donnant corps à cette histoire, Paul Emond met en relief avec brio les contours autobiographiques de l’auteur avec le réalisme qui sied à l’oeuvre.

Travaillant son manuscrit avec force parataxes, c’est à dire sans liens de liaison entre les phrases, Flaubert a conçu un canevas en mosaïque où le fil conducteur de l’histoire semble parfois se fondre dans la masse d’informations délivrées. Adapter cette oeuvre au théâtre est loin d’être une gageure car il ne convient de porter à la scène que les éléments qui relèvent de la dramaturgie proprement dite. Cet exercice de style, merveilleusement accompli par Paul Emond nous entraine à la suite de Frédéric Moreau, un jeune provincial venant achever ses études dans la capitale. Guidé par la quête d’une femme mariée, Madame Arnoux, il tente de mener de front cette passion brûlante et ses études.

Sur scène, Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps nous embarquent dans cette fresque où la naïveté et l’opportunisme du jeune héros, Frédéric, se frayent un chemin à travers un faisceau de sentiments et d’émotions parfois paradoxales. La jeunesse peut tout ! Mais la vie se charge d’élaguer un trop plein de rêves originels. Frédéric traverse cette époque troublée sous le regard et la narration de ces deux excellents comédiens avec complicité et humour. La musique constitue le troisième personnage de ce récit en épousant parfaitement le cadre de cette histoire. Vive et enlevée, on ne peut qu’être séduits par cette mise en scène qui maintient l’attention du public jusqu’au bout.

Laurent Schteiner