Ils sont cinq au plateau. Musiciens, chanteurs, acteurs, ils sont généreux, d’une énergie débordante, fougueux comme la jeunesse. Emmanuel Besnault met en scène cette équipe de fous furieux dans une version musicale et endiablée du classique de Molière « Les fourberies de Scapin ». Un joyeux  moment !
En l’absence de leurs pères Octave et Léandre se sont épris respectivement de Hyacinthe et Zerbinette. Les deux  beautés ne sont pas vraiment de leur rang et les jeunes hommes redoutent la colère à venir de leur géniteur. Heureusement le fidèle valet Scapin a plus d’un tour dans son sac pour faire fléchir les deux vieillards. Fourberies, malversations, quiproquos seront les ingrédients de cette illustre farce.
Quelle énergie ! Certains leur reprocheront peut-être d’en faire un peu trop, peut-être même que les puristes crieront à la caricature. Mais, indéniablement, Molière était de son temps un impertinent et les joyeux drilles de cette adaptation s’inscrivent dans cet héritage. Ils mettent sur le plateau tant de coeur à l’ouvrage qu’il est fort difficile de ne pas être entrainés dans ce tourbillon, et donc de ne pas être follement séduits par la générosité de la proposition. Certes, le parti-pris est radical ce Scapin sera grotesque ou il ne sera pas. Emmanuel Besnault choisit ici d’ancrer son spectacle dans le registre de la farce mettant en lumière un travail colossal sur le langage corporel et la précision du gag physique. Un esprit commedia dell’arte règne sur le plateau de la salle rouge tandis que les chansons aux accents de comédie italienne populaire achèvent de dessiner les contours d’une atmosphère festive haute en couleurs pour un jeu de dupes truculent. Alors, oui, les masques sont grimaçants, les corps sont agités, les démarches sont clownesques. Mais de cette exagération naît un rire enthousiaste et franc, de ce rythme trépidant naît une profonde admiration pour le travail technique de précision. La scénographie est toute aussi audacieuse, composée d’un décor modulable elle fait appel à une multitude de trouvailles qui contribuent amplement à la réussite du spectacle. Saluons encore une fois l’énergie des comédiens, délicieusement contagieuse et revigorante, idéale pour les longues journées d’hiver. Longue vie à la joyeuse troupe !
Audrey Jean
« Les fourberies de Scapin » de MolièreÂ
Mise en scène Emmanuel BesnaultÂ
Avec : Benoît Gruel, Schemci Lauth, Geoffrey Rouge‑Carrassat, Deniz Turkmen, Manuel Le Velly
Jusqu’au 19 mars 2017
Du mardi au samedi à 20 heures
Dimanche à 18 heures
LucernaireÂ