En cette fin de saison théâtrale il reste encore quelques dates pour découvrir l’écriture poétique du suisse Blaise Cendrars actuellement à l’affiche du Grand Parquet jusqu’au 31 Mai. Dans une mise en scène épurée signée Darius Peyamiras, cette invitation au voyage se pare ici d’une musicalité atypique portée par le phrasé si particulier de Jean-Quentin Châtelain.

bourlinguer

« Ma plus grande passion était le dressage des escargots. Bépino, le fils de Pascual, notre fermier m’avait montré comment on les tient éveillés en leur chatouillant le ventre avec la pointe d’un cure-dent. On en ramassait partout, des grands, des petits, des bruns, des blancs, des jaunes, d’autres dont la coquille est comme du corail mouchetés et d’autres encore, sénestres ou transparents et fragiles, liserés de bleu, de noir ou dont le sillon médian est dur comme de la nacre, et d’autres, collés par couples, bavant, écumant. »

Blaise Cendrars évoque dans ce poème son enfance napolitaine et remonte le temps jusqu’à l’Italie bruyante et authentique du début du siècle. Perché sur les cimes du Vomero, il regarde le monde du haut de sa colline et se souvient. La Naples de carte postale est ici peuplé de paysans, de marchands, ancré dans le réel et donne lieu à une réflexion filante sur l’humain, le rapport à l’autre. Le terme Bourlinguer évoque bien sûr l’aventure et le voyage, mais la découverte d’un ailleurs passe aussi par les rencontres avec des personnages hauts en couleurs. Des personnages que l’on découvre au fil de ce récit poétique, intime et sincère. Jean-Quentin Châtelain s’empare de cette logorrhée hypnotique, les yeux mi-clos, le corps voguant au rythme des mots ardents de Blaise Cendrars, marquant le tempo du texte de cette diction spéciale qui le caractérise. L’exercice est périlleux certes et laissera peut-être quelques spectateurs à l’écart, mais le Théâtre du Grand Parquet remplit une fois encore sa mission de mettre en lumière des formes originales. Aventurez-vous !

Audrey Jean

« Bourlinguer » de Blaise Cendrars
Mise en scène de Darius Peyamiras
Avec Jean-Quentin Châtelain

Jusqu’au 31 Mai
Mercredi, jeudi, vendredi et samedi à 20H
Dimanche à 16H
Théâtre du Grand Parquet

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