Derniers jours pour découvrir la nouvelle collaboration entre Mikaël Chirinian et Anne Bouvier actuellement au Théâtre Paris-Villette. « L’ombre de la baleine » entremêle subtilement deux récits, d’un côté celui personnel et intime du comédien et de l’autre l’illustre histoire de Moby Dick. Un parcours croisé, une quête initiatique double qui trouble autant qu’elle fascine.
« Je me suis lancé dans l’adaptation de ce morceau de la littérature américaine comme on part en mer. Quelque chose de surprenant s’est alors produit : plus j’avançais dans l’histoire, plus le regard d’Ismaël m’apparaissait familier; plus je travaillais, plus je reconnaissais l’obsession et la rage du capitaine Achab à s’évader de sa propre muraille… La monstrueuse baleine blanche, je la connaissais bien, elle me menaçait depuis des années. Ce combat s’avérait beaucoup plus personnel que je ne l’avais prévu. C’était mon histoire qui se jouait sur ce bateau. »
Mikaël Chirinian
C’est une aventure, folle, passionnante, de celles que l’on n’oublie pas, incontestablement une des plus belles jamais écrites. C’est le roman d’Herman Melville « Moby Dick » et Mikaël Chirinian s’en empare avec la sensibilité qui le caractérise. Alors le capitaine Achab s’éloigne un peu de Moby Dick, et la baleine étend de plus en plus son ombre sur Mikaël Chirinian. Progressivement l’histoire connue de tous résonne en lui, profondément, douloureusement, certainement plus qu’il ne l’avait imaginé au départ. Sous la houlette de la metteure en scène Anne Bouvier avec qui il a déjà collaboré avec brio sur « La liste de mes envies » et « Rapports sur moi » il se livre en effet ici comme jamais. « L’ombre de la baleine » clôture un triptyque sur l’identité avec une quête initiatique intime et troublante, une confession cathartique bouleversante. A l’instar du précédent spectacle le comédien y joue tous les rôles mais ceux-ci sont cette fois inspirés de sa propre famille. L’univers esthétique est particulièrement soigné à l’image de cette magnifique marionnette alter-égo, représentation et partenaire de tous les états que va traverser Mikaël Chirinian dans cette relation tumultueuse avec les siens. Anne Bouvier l’accompagne avec bienveillance dans ce voyage, entoure sa traversée de douceur recréant une atmosphère cocon aux inspirations poétiques, un univers feutré et cotonneux sublimé par la scénographie de Natacha Markoff. Comme Achab face à la baleine, Mikaël Chirinian invite son auditoire à partager son odyssée, aller à la rencontre de ses propres démons pour enfin appréhender sereinement le présent.
Audrey Jean
« L’ombre de la baleine » Très librement inspiré de « Moby Dick » d’Herman Melville
De et avec Mikaël Chirinian
Mise en scène Anne Bouvier
Co-auteure Oceanerosemarie
Jusqu’au 11 Février à 20H45 au Théâtre Paris-Villette
Dimanche à 16h