Théâtre : « Molly » d’après Ulysse de James Joyce

Molly Bloom, victime d’une insomnie, en profite pour quitter le lit conjugal pour établir le bilan de sa vie où se pressent ses amours, ses amants et son enfance. Molly est, quelque part, la projection de Nora, la muse et la femme de James Joyce.
La faconde de Molly, miroir d’une vie intense et pleine de rêves et d’espoirs envahit la scène irradiant d’une verve lumineuse et crue. Ce langage sans détours, considérée comme obscène à la publication de cette Å“uvre, pouvait auparavant offusquer le lecteur mais il s’avère désormais d’un grand réalisme répondant aux accents de notre société moderne. Si la comparaison avec Pénélope dans l’Odyssée est tentante, la différence avec Molly réside dans son infidélité. Si le sexe a pris une part prépondérante dans leur vie, Molly ne peut que regretter ses belles années où l’amour et la tendresse étaient au rendez-vous. Ils se sont effacés au fil de la vie pour ne conserver que son versant mécanique, le sexe. A travers ces lignes, on ressent l’immense regret de Molly sur ses années de bonheur. Mais la vie s’est chargée de métamorphoser ce beau chemin de vie où chacun a finit par emprunter des chemins de traverse. L’interprétation magistrale d’Hélène Arié est saisissante. Elle théâtralise cette Å“uvre irrévérencieuse, transgressive et avant-gardiste pour l’époque en un objet théâtral empreint de poésie.

Laurent Schteiner.