Théâtre : « Monsieur Proust » d’après les entretiens de Céleste Albaret avec Georges Belmont
Le lucernaire propose actuellement un seul en scène de toute beauté, d’après les entretiens de céleste Albaret avec Georges Belmont, Monsieur Proust. Ivan Morane nous fait pénétrer dans l’intimité de ce grand auteur, par le truchement de sa gouvernante Céleste, lors de ses huit dernières années d’existence. Cette pièce émouvante s’intéresse davantage à l’homme qu’à l’auteur à travers les yeux de sa gouvernante, remarquablement interprétée par Céline Samie.
Sur la fin de sa vie, Céleste Albaret, juchée du haut de ses 82 ans, s’est laissée aller à quelques confidences auprès de Georges Belmont. La vie de Proust, vu de l’intérieur, traduit une personnalité pleine et entière acharnée à terminer son oeuvre avant que la mort ne le cueille. Travaillant sans relâche, il n’a de cesse d’achever ses romans. Ses rajouts à foison font l’objet de discussions avec Céleste, qui au fil du temps, est devenue sa personne de confiance. Celle-ci voue pour lui une admiration sans bornes et un amour inconditionnel. Ses années passées auprès de lui ont été sans nul doute les plus belles de sa vie. L’intimité de ce « couple » nous est montrée sans fards mais avec exaltation et passion. Il fut l’objet de toutes ses attentions, intervenant avec prévenance en lui prodiguant soins et conseils. Du reste, elle se perdait elle-même dans ses attributions, ne sachant plus si elle agissait comme une mère ou comme une fille lorsqu’il s’autorisait à lui donner des conseils. S’ouvrant naturellement à elle, il lui montrait la vraie nature des gens qui l’entourait. Les portraits d’André Gide ou de Gaston Gallimard lui-même, qui suintent la mesquinerie, sont croqués avec humour. Car Proust était bien au-dessus du succès ou de l’argent, il s’en moquait éperdument. C’est avec beaucoup de tendresse et de nostalgie que les contours de cette personnalité hors-normes sont évoqués par Céleste. Sa fin, tant redoutée par elle, sera vécue comme un déchirement et un renoncement à cette lumière qui lui donnait l’essence même d’une merveilleuse vie en partage chaque jour, à chaque instant.
Saluons l’interprétation toute en finesse et en délicatesse de Céline Samie qui nous a émue en incarnant cette jeune Céleste. Elle a su faire revivre ces derniers moments avec une magnifique justesse. Plus que jamais, l’oeuvre de Proust demeure indissociable de son élégance et de sa générosité !
Laurent Schteiner
Monsieur Proust d’après les entretiens de Céleste Albaret avec Georges Belmont
Adaptation, mise en scène et Lumière : Ivan Morane
avec Céline Samie
copyright Photo : Lot
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jusqu’au 22 novembre, du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 15h30