Théâtre : « Old up » de Jean-Benoît Patricot

Le Théâtre de la Reine Blanche nous présente actuellement un texte fort de Jean-Benoît Patricot, Old Up. Ce seul en scène, mis en scène par Catherine Schaub nous invite à la réflexion du dernier environnement de vie de nos parents, les EHPAD.

Ces institutions ont été récemment dans notre pays au centre d’une forte polémique où les personnes âgées ont fait l’objet de violences vivant dans le pire des dénuements. Le manque de personnel qualifié, l’absence de vocation et l’obsession de diminuer les coûts de structure ont jeté l’opprobre sur toute une institution et une profession. Mais le spectacle Jean-Benoît Patricot nous présente l’autre versant de cette problématique en soulignant que ce métier peut-être un véritable sacerdoce. Mais une telle vocation se heurte nécessairement au manque de personnel d’une profession qui attire difficilement les candidats et dont le fonctionnement financier est réalisé a minima.

Annie travaille dans l’EHPAD de Bourlebon. Son enthousiasme cède progressivement la place à une lassitude assise sur le manque de moyens patents. Chronométrer le temps accordé aux résidents devient une mission impossible. Usée, elle ne peut éviter une sortie du cadre imposé par ses fonctions. Luttant contre l’inhumanité qui est légion dans cet EHPAD, elle ne peut à elle seule compenser les manques de cette institution. Cet échec la meurtrit. Reléguée de l’EHPAD, elle plonge dans une déprime importante. L’EHPAD, à la rue face à la COVID, se verra contrainte de renouer avec elle.

Tessa Volkine nous fait revivre avec talent cette profession dont les affres submergent l’enthousiasme du début. Nous faisant revivre avec talent une galerie de portraits de pensionnaires, elle déroule le fil de vies qui s’achèvent. Ce faisant, elle nous confronte au pire. Le cri d’alarme de Jean-Benoît Patricot nous alerte sur l’urgence d’une profonde réforme de ces institutions. Un contrôle des EHPAD, une meilleure rémunération des professionnels, un recrutement conséquent et surtout de l’humanité sont les projections subliminales de ce spectacle. Le sort de nos ainés doit nous avertir que cette société-là, faute de moyens, met au pilon nos parents. Ce qui est proprement insupportable !

Laurent Schteiner