Théâtre : « Un dîner chez les français de V. Giscard d’Estaing » de Léo Cohen-Paperman et Julien Campani
Le Théâtre Treize nous propose actuellement le troisième volet d’une série théâtrale consacrée aux anciens présidents français. Après Jacques Chirac, roi des français et Génération Mitterrand, Julien Campani et Léo Cohen-Paperman ont écrit Le Dîner chez les français de V. Giscard D’Estaing. Ce spectacle qui tient lieu de farce grinçante nous transporte dans les années 70 au moment où V. Giscard D’Estaing prend le pouvoir. Il inaugure une nouvelle politique de proximité avec les français en s’invitant chez eux. Cassant les codes régaliens, cette nouvelle communication révolutionne la fonction même du Chef de l’Etat. A travers ce repas qui dure 7 ans, les auteurs reviennent sur ce septennat au bilan mitigé.
En 1974, VGE avait inauguré une autre façon de faire de la politique en s’invitant chez les français au nom d’une proximité qu’il appelait de ses vÅ“ux. 31 décembre 1974, VGE et Anne-Aymone sont attendus chez un couple d’agriculteurs, entouré de leur fille, gendre et nourrisson. Les bons sentiments animent cette soirée où chacun tente de se mettre à son avantage. Complaisance et bienveillance sont de mise. Ce repas a vocation de durer une soirée mais la dramaturgie prévoit de l’étaler sur l’ensemble du septennat. Rythmé aux annonces des bons vÅ“ux présidentiels retransmis sur le petit écran, les années passent avec leur cortège de crises (pétrolière, économique et financière) mais également avec de belles réalisations technologiques (le Concorde, le minitel ou encore le TGV…), et sociales, notamment celle de la loi sur l’IVG de Simone Veil. A table, le climat se tend au fur et à mesure des crises économiques que le pays impuissant n’arrive pas à juguler. Durant ce repas, les personnages vont vieillir et le nourrisson en est le curseur. Un nourrisson qui entretient la narration et l’historique de ces années en découpant le spectacle en 5 actes.
Croquant une galerie de portraits truculents, les comédiens s’en donnent à coeur joie Ainsi, Anne-Aymone coincée entre son rôle d’épouse et de première dame et sa participation à un repas « populaire » est très drôle. Créant une respiration musicale, chaque personnage n’hésite pas à se saisir d’un micro pour entonner, avec humour et décalage, une chanson en prise directe avec l’actualité du moment. L’interprétation de chaque comédien est jubilatoire. Saluons l’interprétation remarquable de VGE par Robin Causse qui a pris soin d’éviter l’écueil d’une pure imitation.
Plus la soirée avance, plus elle tourne à la farce grinçante et au grotesque. La démagogie au service d’un roi sacré par les français, sera le fil rouge de ce repas et de ces années. Le final sera un dessert indigeste servi, le 10 mai 1981, par François Mitterrand.
Laurent Schteiner
LE DÎNER CHEZ LES FRANÇAIS DE V. GISCARD D’ESTAING de Julien Campani et Léo Cohen-Paperman avec la complicité des acteur·ice·s
Mise en scène : Léo Cohen-Paperman
Avec : Robin Causse / Giscard, Gaia Singer / Anne-Aymone, Joseph Fourez / Marcel Deschamps, Morgane Nairaud / Germaine Deschamps, Clovis Fouin / Michel Corrini, Pauline Bolcatto / Marie-France Deschamps, Julien Campani / José Corrini
- Scénographie Anne-Sophie Grac
- Lumières Léa Maris
- Assistanat scénographie et costumes Ninon Le Chevalier
- Création sonore Lucas Lelièvre
- Régie Générale Thomas Mousseau-Fernandez
- Assistante à la mise en scène Esther Moreira
- Stagiaire dramaturgie Inès Kaffel
- Maquillages et coiffures Pauline Bry
- Crédit photo Valentine Chauvin
Théâtre Treize
103A bd Auguste Blanchi
75013
Loc 01 45 88 62 22
www.theatre13.com
Du 13 juin jusqu’au 29 juin 2024
Les 13, 17, 19, 21, 24, 26 et 28 juin à 20h